La gouvernance concertée : L’espoir inattendu

Sans vouloir revenir sur le concept de gouvernance lato sensu, largement étudié, il est aujourd’hui , en Mauritanie, utile de s’interesser brièvement sur les bienfaits du mode de gouvernance basé sur la concertation ( qui devient souvent la gouvernance preférée dans certains secteurs). Sans doute la gouvernance, la bonne quelque soit sa légitimité, renferme si elle ne se fonde pas sur l’idée de concertation. La concertation a un fondement coranique( sourat II, 159) et un attribut des croyants (sourat Shoura,V.38) et cela est en soi déjà  suffisantpour l’adopter tout en étant une pratique prophètique et mise à l’epreuve par les califs. Elle est aussi fortement ancrée dans la sagesse traditionnelle des populations en Mauritanie.

La Mauitanie est, en effet, aujord’hui dans une phase peu connue d’une gouvernance politique concertée. Cette situation tranche avec les modes de gouvernance passés connus ou ceux d’un voisinange géopolitique souvent incertain, fortement basés sur l’affrontement politique et social et les conséquences qu’il peut impliquer(instabilité politique, économique et sociale). 

Aux antipodes de l’affrontement politique et social, suggérés par les gouvernances passées, la gouvernance concertée instaure un climat d’apaisement,  d’écoute et d’échange reciproque aboutissant à des décisions meillleures et surtout dirige vers une stabilité notamment politique indispensable pour orienter les énergies vers le développement et éloigner les peurs du passé proche et les lendemains incertains. Elle permet in fine de franchir l’étape d’un pays en transition.

Cette situation est le fruit d’un nouveau mode d’exercice du pouvoir et d’un accompagnement d’une classe politique , opposition en palticuier, très sage et éclairée. Il y a là la clef de sa réussite et de sa continuité.

Cette gouvernance concertée et les espoirs qu’elle engendre a surpris une  opinion politique, administrative, économique et traditionnelle, habituée à une gouvernance qui  non seulement hypothèque l’efficacité de toute action publique, mais est moralement insoutenable et socialement et politiqement dangereuse.

La classe opposée, aujurd’hui désabusée par ce phénomène, qui, par sa rente de situation amassée des décennies durant, ne peut qu’insinuer, sans hausser la voix, comme à l’accoutumée, au moins un mécontentement. Un mécontentement qui se lie dans une virtualité électronique, nourrie par  une jeunesse,  produit du passif des gouvernances passsées, en plus d’une élite, déconnectée de la réalite et souvent candide qui, de jour en jour, élève, demésurement, les attentes. Des attentes qu’il y a si peu de temps se limitaient sans grand espoir à la perennité de l’Etat.

Cette gouvernance concertée est aussi élargie aux organes sérieux de la société civile dans leur sphère d’action. Elle doit aussi etre erigée en mode d’action dans les services déconcentrés et au niveau des collectivités territoriales ainsi que dans le secteur privé.

Elle permettra sans doute de facilter les réformes dans tous les secteurs de la vie administrative,économique, politique et sociale. 

Il est clair que, avec les résultats déjà obtenus(cooptation  d’hommes sur des citères de compétence, lutte contre la corruption, action sociale ciblant les plus pauvres etc.), malgré unleg moral,  économique,administratif et social insoutenable, la concertation donnera des résultats inatendus. Cet héritage est, aujourd’hui, comme par tout ailleurs, aggravé par la pandémie. Mais le temps permettra, avec la continuité et l’accompagnement de ce mode de gouvernance, de répondre aux attentes diffuses.

La continuité de ce mode de gouvernance n’est pas si facile et a devant lui des obstacles quela concertation peut, par son essence meme et sa methode, facilement vaincre.

La gouvernance concertée transcendera, à terme, les clivages partisans, ethniques, et aboutiraà une société deséthnisée, socialement homogène et non classée.

Elle aboutira à une raréfaction des griefs politiques, économiques et sociaux d’envergure.

N’est-il pas hasardeux de ne pas s’y attacher ?

 

Braham SIDI ABDOULLAH, Processeur d’université et Avocat

جمعة, 06/08/2021 - 19:12