
Abdou Diouf, l'ancien président sénégalais, a été fortement influencé par le discours anti-maure diffusé par les propagandistes poulo-toucouleurs, au point qu'il a tenté de faire jouer à son pays le rôle de gendarme de la sous-région ouest-africaine pour assurer la protection des Peuls de Mauritanie prétendument persécutés.
À l'heure actuelle, les Peuls du Mali, et même ceux du Burkina Faso et du Niger, sont en lutte contre les pouvoirs de ces pays. Est-ce que le Sénégal, une fois de plus, cherchera à intervenir militairement dans cette crise sous-régionale ?
Il ne le fera pas. Le sujet est différent : il s'agit d'un conflit impliquant des Négro-Africains, tandis que dans le cas mauritanien, c’étaient des Négro-Africains en conflit avec un État arabe. Mieux, la France, qui a toujours été en faveur des Négro-Africains, est maintenant totalement opposée aux pays de l'Alliance des États du Sahel, qui sont des rebelles.
À la différence du président Diouf, le nouveau président du Sénégal Bassirou Faye et son premier ministre Ousmane Sonko ne sont pas sensibles à l'ethnicisme pulaar en Mauritanie, au Sénégal et dans la sous-région.
Fort heureusement pour les deux pays frères que le fanatisme ethnique avait failli entraîner dans une guerre fratricide aux conséquences incalculables.
Rappelons-nous que dans ses mémoires, le président Diouf affirme avoir été confronté à une forte pression de la part des Foutanké Amath Ba et Aly Bocar Kane. ‘’Tous les deux, gagnés par la passion qui avait pris le dessus sur la raison’’. Il a également souligné que beaucoup de Sénégalais étaient hostiles à la Mauritanie.
Dans cette même période de crise de 1989 entre la Mauritanie et le Sénégal, le colonel Abdoulaye Aziz Ndaw, auteur de 'Pour l’honneur de l'armée sénégalaise', reconnaît fièrement avoir armé et entraîné les indépendantistes peuls mauritaniens. Il écrit : ‘’Je fis faire quelques coups de main par les réfugiés mauritaniens et organiser quelques razzias de bétail qui firent comprendre aux interlocuteurs que ce sera coup pour coup’’.
Les FLAM elles-mêmes admettent les faits. Elles disent avoir eu la possibilité de détruire la Mauritanie si elles le souhaitaient.
Partie remise, en attendant des conditions favorables, qui sont peu probables sous le leadership Faye-Sonko.
Ely Ould Sneiba
Le 25 mai 2025